Que dit-on d’un élève qui n’arrive pas à suivre le rythme de sa classe ? Qui a du mal à déchiffrer des lettres de l’alphabet tandis que ses camarades lisent des phrases entières ? Qui bute sur des additions élémentaires alors que la classe entame la division ? on le qualifie de bête . On dit qu’il a la tête dure ou qu’il est têtu . Et en conséquence on le punit,on l’humilie, on le bat.
Rares sont les parents ou les enseignants qui ont été sensibilisés aux questions des “dys”; c’est-à-dire les dysfonctionnements durables des fonctions du cerveau qui affectent l’apprentissage du langage, du calcul , de l’écriture ou encore des gestes. Ce sont : la dyslexie, la dyscalculie, la dyspraxie, et la dysphasie .
Les personnes qui en souffrent n’ont pas de déficience intellectuelle comme les autistes ou trisomiques. Leur cerveau fonctionne tout simplement différemment. Et pour celà , ils apprennent à un rythme ou de façon divergente.
Malheureusement , le système éducatif de masse n’a pas été conçu pour gérer les divergences. Afin de former le plus d’enfants possible , l’école moderne exige des élèves qu’ils s’adaptent à une méthode standardisée ; unique à tous. Ceux qui sortent des lignes sont étiquetés d’anormaux et souvent laissés pour compte.
Pourtant , on sait aujourd’hui que la constellation des “dys” affecte une part non négligeable des apprenants. Selon une étude conjointe de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations-unies pour l’Enfance (UNICEF) , 8 à 10% des élèves sont concernés. Celà signifie que dans chaque salle de classe on doit recenser entre 3 et 5 dyslexiques, dyscalculiques, dyspraxiques ou des cas qui combinent plusieurs troubles à la fois.
La dyslexie correspond à un trouble d’apprentissage de la lecture . Le sujet confond les sons proches : p/b , t/d , s/z ou des lettres qui se ressemblent : f/t, n/r, p/q, b/d.Chaque séance de lecture est une épreuve pour lui.
La dyscalculie se manifeste par la difficulté à lire et à écrire des nombres : 26/62 , 6/9 ;la peine à effectuer de simple opérations arithmétiques , la difficulté à saisir et à utiliser les termes mathématiques ( la somme, la différence,plus que, moins que ,ajouter , partager …)
Un enfant dyspraxique rencontre des difficultés dans la réalisation de gestes simples de la vie quotidienne, qui se caractérisent par une maladresse et par des difficultés dans l’apprentissage de nouveaux gestes. Au quotidien, les symptômes de la dyspraxie peuvent ainsi prendre la forme : de difficultés à s’habiller, à se coiffer, à lacer ses chaussures ,une tendance à faire tomber les objets et/ou à les casser
Les troubles dys ne se soignent pas . Ils sont présents toute la vie . Cependant il existe une multitude de solutions pour pallier leur ampleur. A condition de les détecter. C’est une mission que s’est donnée l’association Viedami . Epaulée par des psychologues, des orthophonistes, et d’éducateurs spécialisés , elle organise des campagnes de sensibilisation des troubles “dys” , forme des enseignants d’écoles conventionnelles à la détection de cas dans les salles de classes et conseille les parents.
Des centaines d’enfants camerounais souffrant des troubles dysfonctionnels de l’apprentissage ont bénéficié des campagnes de Viedami depuis 2019 . Ils jouissent depuis lors d’une éducation adaptée à leurs besoins spécifiques. Seulement , ce nombre ,bien qu’important reste une goutte d’eau dans l’océan. Ils sont encore des centaines de milliers à souffrir de l’ignorance .