Paul Biya conjugue solennité et proximité pour galvaniser les jeunes

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Dans son discours du 10 février 2025 à l’occasion de la Fête de la Jeunesse, le président Paul Biya a mêlé autorité et sollicitude, enjoignant les jeunes à ne pas fléchir sous le poids du chômage et des mutations économiques. Oscillant entre une évaluation lucide de la conjoncture nationale et une exhortation à l’engagement civique, le chef de l’État s’est livré à une subtile orchestration du réalisme et de l’espérance.

S’inspirant de la qualification des Lions Indomptables pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, le Président a tenu à faire de cet exploit une métaphore des capacités insoupçonnées de la jeunesse camerounaise. « Notre brillante qualification illustre bien que notre jeunesse ne manque pas de talent ni de courage », a-t-il souligné, appelant les jeunes à s’armer de discipline et de persévérance pour vaincre les adversités du quotidien.

Une jeunesse sous le feu des défis

Loin des discours d’autosatisfaction, Paul Biya n’a pas minimisé les écueils qui jalonnent le parcours des jeunes camerounais. « L’année qui commence s’annonce pleine de défis », a-t-il admis, évoquant les contraintes liées à l’environnement économique international et aux réalités internes du pays. Il a insisté sur le fait que le gouvernement a pris des mesures pour pallier les difficultés d’insertion, notamment à travers l’ouverture de nouveaux centres de formation et la promotion de dispositifs tels que les Bureaux d’Emplois Municipaux.

Toutefois, le chef de l’État a souligné que l’État ne peut pas tout, et que les ressources du pays restent limitées pour absorber l’ensemble des demandeurs d’emploi. Cette reconnaissance des défis structurels témoigne d’une approche réaliste face aux attentes en matière d’emploi et met en avant la nécessité d’initiatives complémentaires.

L’appel à la responsabilité et au réalisme

Face à la montée du désespoir social et à l’exode massif des jeunes vers l’immigration clandestine, Paul Biya a exhorté la jeunesse à emprunter d’autres chemins que ceux de la fuite. Avec un ton grave, il a fustigé ceux qui se laissent séduire par les « sirènes du chaos », tout en mettant en avant les opportunités locales, notamment dans l’agriculture, l’élevage et l’économie numérique.

Loin d’être une simple incantation, cet appel à l’ingéniosité a été accompagné d’exemples concrets, citant les réussites de Samuel Tony Obam Bikoué et Tata Bakary, deux jeunes entrepreneurs camerounais. Cette stratégie rhétorique, visant à donner des figures d’identification aux jeunes, témoigne d’un changement dans la manière d’adresser les défis du chômage : l’État ne peut plus tout garantir, mais il peut encadrer ceux qui veulent réussir. Pour cela, le Président a prescrit au gouvernement de mettre en place un *cadre réglementaire régissant l’aide à l’embauche des primo-demandeurs d’emploi* , une mesure censée faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés.

Entre mobilisation et avertissements

Le Président n’a pas non plus éludé les échéances politiques à venir, appelant les jeunes à exercer leur droit de vote avec responsabilité. Sans le dire explicitement, il a mis en garde contre toute velléité de contestation désordonnée, insistant sur la nécessité de préserver la paix et la stabilité du pays.

Son message final, alliant gravité et encouragement, s’inscrit dans une rhétorique du défi, où chaque Camerounais est invité à prendre en main son avenir, sans attendre une providence étatique. Entre solennité et proximité, Paul Biya a cherché à galvaniser une jeunesse en quête de repères, tout en réaffirmant son rôle de garant de la stabilité nationale.

Blaise Testelin NANA

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