Commission Mémoire France – Cameroun : « Nous avons découvert un grand nombre de lettres »

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« Nous avons découvert un grand nombre de lettres des Camerounais qui écrivaient pour trahir ou pour dénoncer leurs frères, leurs amis etc. » Noumbissie M. Tchouake, membre de la commission memorie France-Cameroun, Responsable éditorial du Groupe d’Etude et de Recherches sur la colonisation (GERCO) à l’Université de Dschang, raconte son expérience.

Comment avez-vous vécu le fait de travailler au sein de la Commission mixte de chercheurs français et camerounais ?

L’ambiance dans cette commission était très studieuse. Nous nous connaissions très peu ou pas du tout. Nous avons compris dès les premiers moments que nous avons à nous serrer les coudes pour atteindre l’objectif qui était de faire honneur à l’histoire qui est notre discipline à tous.

Nous n’avions pas en tête, du moins ceux du Cameroun, des objectifs à atteindre. Nous voulions patauger dans les archives pour être éblouis par les découvertes.

Quel était votre rôle spécifique dans l’équipe ?

Nous n’avions pas chacun un rôle spécifique. Car, cette répartition des tâches a le risque de cantonner certains dans les tâches mineures. Nous avions fait, chacun à son heure, toutes les étapes de la recherche historique, de la fouille des archives à la restitution écrite.

Quelles sont les découvertes spécifiques qui vous ont le plus choquées?

La découverte qui m’a choqué est la quantité des lettres découvertes dans les archives françaises. Celle-ci traduit la volonté manifeste d’un certain nombre de Camerounais prêts à collaborer avec l’administration coloniale pour s’attirer les bonnes grâces du colonat.

Nous avons découvert un grand nombre de lettres des Camerounais qui écrivaient pour trahir ou pour dénoncer leurs frères, leurs amis etc. Je reconnais que c’est une pratique courante dans les espaces sous domination ou les colonisateurs brandissent la gratification et la récompense comme moyens de domination.

Alors effectivement le Cameroun remplissait toutes les caractéristiques d’un espace sous colonisation.

Quels sont les principaux enseignements tirés de cette mission de recherche conjointe ?

La principale leçon apprise durant cette commission est la nécessité d’ouvrir le champ de l’histoire à une large palette des disciplines des sciences sociales.

La collaboration entre les chercheurs de plusieurs horizons est une richesse pour la recherche historique et surtout pour la compréhension du phénomène si complexe de la colonisation.

Après la remise du document final aux dirigeants français et camerounais, quelle est la suite ?

Après la remise des rapports aux deux responsables politiques, il sera question, dans un premier temps, de mettre sur pied l’organisation de plusieurs colloques pour restituer et compléter certains domaines, de faire appels aux autres valeurs de la recherche historique en France comme au Cameroun qui ne furent pas associés à la rédaction du rapport final. Et dans un second temps, de mettre sur pied une cellule de veille pour contrôler la mise sur pied des recommandations contenues dans le rapport.

Propos recueillis par Elvis Teke

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