Grand dialogue national: des retombées palpables

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Cinq ans après ce grand rendez-vous d’échanges entre Camerounais du 30 septembre au 4 octobre 2019 à Yaoundé, les populations des régions en crise ont reçu des réponses concrètes à une bonne partie de leurs attentes.

 

 

Un tournant décisif dans la recherche des solutions à la crise sociopolitique qui secoue le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis 2016. Dans un message à la nation le 10 septembre 2019, le chef de l’Etat a précisé que ce dialogue qui se tient dans un cadre constitutionnel, vise à examiner « les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations de ces deux régions, mais aussi de toutes les autres composantes de notre pays ». Paul Biya donnait ainsi le ton d’une série de longues concertations qui mobilisent diverses expertises. En effet, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest souhaitent le retour à une paix durable, le développement local et des systèmes judiciaire et éducatif qui tiennent compte de leurs spécificités. Huit commissions étaient alors constituées. Entre autres, bilinguisme, diversité culturelle et cohésion sociale, système éducatif, système judiciaire, retour des réfugiés et des déplacés internes, reconstruction et développement des zones touchées par la crise, décentralisation et développement local.

Recommandations

À l’issue de cinq jours de discussions intenses en commissions, les participants ont formulé de nombreuses recommandations. Pour l’essentiel, elles se résument comme suit:
– accorder un statut spécial aux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, conformément à l’article 62 alinéa 2 de la Constitution,
– prendre des mesures spécifiques pour assurer un statut égal au français et à l’anglais dans tous les aspects de la vie nationale,
– renforcer l’autonomie des collectivités territoriales décentralisées,
– améliorer les infrastructures des services judiciaires dans tout le pays,
– renforcer le programme d’assistance humanitaire afin de mieux satisfaire les besoins des déplacés internes,
– mettre en place un plan spécial de reconstruction en faveur des zones touchées par la crise,
– diffuser largement l’offre d’amnistie faite par le chef de l’Etat aux combattants qui déposent les armes et s’insèrent dans le processus de réintégration,
– désigner une équipe chargée de prendre langue avec les membres radicalisés de notre diaspora.

Retombées concrètes

C’est la loi de décembre 2019, portant Code général des collectivités territoriales décentralisées qui apporte les premières réponses à cette crise. Car, ce texte accorde un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le statut dont il question est fondé sur leur spécificité linguistique et sur leur héritage historique. En effet, il se traduit par l’organisation et le fonctionnement de ces deux régions. Mais aussi « par le respect des particularités du système éducatif anglophone et la prise en compte des spécificités du système judiciaire anglo-saxon basé sur la Common Law ». Ensuite, le décret présidentiel de décembre 2020, vient déterminer les modalités d’exercice des fonctions de « Public Independent Counciliator ». Ce texte renseigne que la « Public Independent Conciliator » est une « autorité indépendante », chargée « d’examiner et de régler à l’amiable les litiges opposant les usagers et l’administration régionale et communale ». Il défend et protège également les droits et libertés dans le cadre des relations entre les citoyens et la région ou les communes de la région ». Selon le Pr Elvis Ngolle Ngolle, élite du Sud-Ouest, « ce statut spécial a permis aux deux régions de disposer des moyens et des opportunités pour accélérer leur développement ».  « Les deux régions sont pilotées ou gérées par des assemblées générales qui ont un pouvoir délibératif. Ces assemblées sont organisées et fonctionnent comme des institutions bicamérales : la chambre des délégués départementaux et la chambre des chefs traditionnels, ce qui n’est pas le cas dans les huit autres régions francophones. » a-t-il expliqué.

Autres fruits des recommandations

Désormais, l’on assiste au renforcement de l’autonomie des collectivités territoriales décentralisées dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Dans ce sens, les premiers exécutifs des conseils régionaux ont été élus en décembre 2020. Concernant le texte sur la promotion des langues officielles, il fait de l’anglais et du français, des langues d’égale valeur. Cette loi a été promulguée en décembre 2019, moins de trois mois après la fin du Grand dialogue national. Pour le coordonnateur du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement des régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, de nombreuses initiatives visant la promotion de la cohésion sociale sont perceptibles. Paul Tasong cite en particulier, l’appui aux radios communautaires pour la diffusion de messages en « Pidgin English » et en dialectes locaux. En plus, la mise en place de 65 « Insider Mediators » et d’un réseau « d’influenceurs pour la paix » sur les médias sociaux. À cela s’ajoutent, la réhabilitation de plusieurs infrastructures scolaires et sanitaires déjà mises en service. Sans oublier la revitalisation de l’économie locale à travers la fourniture des appuis à des coopératives agropastorales et à des start-up des deux régions.

En dépit de quelques attaques sporadiques des terroristes, des avancées significatives sont enregistrées dans la recherche des solutions durables à la paix dans les régions en crise.

Dieudonné Zra (@zra_dieudonne)

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