Malgré de nombreux obstacles, le transfert des compétences aux collectivités territoriales décentralisées est en marche sur l’ensemble du territoire national.
Le Cameroun s’apprête à célébrer la 13e journée africaine de la décentralisation le 10 août 2024. Elle sera couplée à la 7e journée d’enregistrement des faits d’état civil et de production des statistiques de l’état civil. Ce double événement sert de prétexte à l’appréciation de la mise en œuvre du processus de la décentralisation dans le pays. En effet, la décentralisation se définit comme étant un instrument gouvernemental au service du développement local. Autrement dit, elle vise une participation effective des citoyens à la gestion des affaires locales.
Au Cameroun, la consécration législative de la décentralisation intervient en 2004. Elle fait suite à l’adoption et à la promulgation d’un ensemble des textes législatifs parmi lesquels la loi dite d’orientation de la décentralisation. Il s’agit de la loi N° 2004/017 du 22 juillet 2004.
Avancées
Selon une étude relative à l’évaluation de l’impact de la politique de décentralisation sur les populations camerounaises, le pays fait des progrès remarquables. Les résultats de cette étude conduite par le Pr Viviane-Madeleine Ondoua Biwole, prennent en compte plusieurs sou-secteurs. Concernant par exemple, l’agriculture, l’étude montre que la promotion des activités de production agricole est une réalité dans de nombreuses communes. Elle se décline en la participation des communes à l’acquisition des semences et des pesticides, la surveillance et la lutte contre les maladies phytosanitaires. Soit un taux de satisfaction de 93,8% pour les bénéficiaires. Pour ce qui est des routes, «90% des usagers enquêtés reconnaissent que les projets réalisés ont amélioré et facilité leur déplacement ».
Au sujet de l’élevage, 72,3% des petits éleveurs bénéficiaires des forages pastoraux affirment que l’action municipale a entrainé l’augmentation de leur production pastorale.
Actions récentes
Des conventions ont été signées en mars 2024 entre le ministre de l’Économie et sept maires. D’une enveloppe de plus de 2 milliards de Fcfa, elles visent à réhabiliter et à entretenir les routes en terre. Mais aussi à construire des logements sociaux et des boutiques. Les communes bénéficiaires sont Ngaoundéré III, région de l’Adamaoua, Nitoukou, région du Centre, Nkongsamba, région du Littoral, Touroua, région du Nord, Tubah, région du Nord-Ouest, Fokoué, région de l’Ouest et Kribi, région du Sud. D’autres actions similaires sont entreprises par le gouvernement et les partenaires au développement pour donner du contenu au vaste chantier de la décentralisation au Cameroun.
Défis
D’après certains experts en questions de décentralisation, d’imports efforts restent à fournir pour l’effectivité de ce processus au Cameroun. Dans cette optique, Dr Bertrand-Michel Mahini parle du faible pourcentage des transferts de compétences aux mairies. L’expert déplore «une forte présence du contrôle de tutelle couplée à l’ineffectivité d’une fonction publique locale». Selon cet auteur, la liberté de gestion reste une quête pour les collectivités locales. Car ces derniers attendent encore le transfert effectif de 15% du budget de l’État pour mieux planifier leur développement.
Nonobstant les griefs, l’État du Cameroun s’attelle à accélérer la mise en place de la décentralisation.
Dieudonné Zra (@zra_dieudonne)